Histoire du cheval de trait Ardennais
Avant la domestication
On retrouva des traces d' équidés en Amérique du Nord d’où ils ont disparu au quaternaire pour apparaître ensuite sur le vieux continent.
En France, à Solutré (Mâcon), un ossuaire d’équidés a été mis à jour et daterait de 10.000 ans av. J.-C.. I. Cette découverte expliquerait que des chevaux étaient pourchassés jusqu’ à la falaise de Solutré . Ces derniers traqués et n'ayant pas d'autre solution que de se jeter dans le vide. Après cette chute vertigineuse, les chasseurs auraient dépecé leurs proies en laissant les ossements sur place pour n’emporter que la viande.
Les chevaux n’étaient alors pas domestiqués mais bien chassés pour des besoins alimentaires.
La domestication
La domestication du cheval est difficile à dater avec précision. Les premiers apprivoisements pourraient remonter à la fin du paléolithique supérieure, 8 000 ans avant notre ère. La première preuve archéologique d'une domestication remonte à
3 500 ans av.JC dans les steppes au nord du Kazakhstan
Les membres de la culture Botaï ont domestiqué des chevaux pour la précieuse denrée qui est le lait de jument mais aussi la viande et enfin pouvoir chasser plus efficacement en s'en servant comme chevaux de selle.
L'utilisation de chevaux se répand rapidement à travers l'Eurasie pour le transport,
l'agriculture et la guerre. L'utilisation du cheval influence considérablement l'histoire et les progrès de l'humanité, en permettant l'essor des civilisations et du commerce sur de vastes territoires.
Le cheval de trait Ardennais, utilisé pour les grandes conquêtes dans l’antiquité.
Le plus ancien cheval de trait d'Europe et l'une des plus anciennes races Françaises : L'Ardennais.
L'Ardennais appartient à la catégorie des races dites lourdes.
Il serait le descendant d'une sous-espèce disparue appelée cheval des forêts (Equus caballus germanicus), ancêtre commun de nombreuses races de chevaux massifs d'Europe de l'Ouest.
Lors de sa conquête de la Gaule, en 60 av.J.-C., Jules César n'aura que des compliments sur les montures utilisés, ancêtres des chevaux ardennais.
A cette époque, l'ardennais issu des chevaux celtes était d'abord un cheval de guerre . Le bât et la traction étant dévolus en priorité aux boeufs et aux ânes. Le cheval était monté et tirait les chars de combat.
Du XVIIe au XIXe, le cheval Ardennais est fort prisé dans toute l’Europe.
L'organisation de l'élevage de races de chevaux de trait ne date que de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, où elle accompagne le développement de l'agriculture.
Le Maréchal de Turenne (1611-1675) remonte sa cavalerie en Ardennais :
«cheval parfait pour la selle et le trait léger»
Auparavant, les chevaux de trait belges et ardennais forment, sous l'empire napoléonien, des souches élevées dans un seul pays. L'élevage du cheval ardennais dépend de tous temps des besoins humains pour la guerre, où il est utilisé à l'origine tant comme cheval de trait que comme cheval de selle.
Guerres napoléoniennes (1792 - 1815) Durant le Premier Empire, tous les chevaux d'artillerie viennent des Ardennes ou de Bretagne. Ils sont utilisés dans les armées comme monture et pour tirer les canons. Le cheval ardennais est alors décrit comme un petit animal de selle et de trait léger réputé pour sa rusticité, sa sobriété et son endurance il résiste longtemps aux fatigues de la guerre et passe pour un très bon cheval de service d'après les spécialistes. Capable de résister aux intempéries et aux privations et de se nourrir de mousse et de lichen, l'ardennais est si réputé que les zootechniciens se demandent « s'il existe une bête plus solide et plus résistante dans quelque pays ». Nerveux et infatigable, sa conformation courte et ramassée en fait un cheval « ni beau ni distingué », mais réputé pour son fond, sa résistance et son énergie, doué d'une grande longévité et dont les qualités sont des atouts précieux pendant la campagne de Russie. Un épisode lié au cheval ardennais a largement marqué la mémoire populaire : seuls ces chevaux seraient revenus vivants de la campagne de Russie, alors que 12 000 à 14 000 chevaux y trouvent la mort (une autre source fait état de 30 000 chevaux morts en une nuit). Les militaires qui survivent à cette expédition racontent que les chevaux ardennais se contentaient pour toute nourriture du chaume qui recouvre les habitations, et qu'ils résistaient au froid, à la fatigue et à la faim.
Déclin de la race de 1815 à 1834 - Vieux type de trait ardennais
En 1815, tous les chevaux valides de la contrée sont réquisitionnés par les armées napoléoniennes, si bien qu'il ne reste presque rien de la race, sinon quelques animaux « d'une pauvreté incommensurable ».
Les éleveurs du pays se trouvent épuisés, comme le reste de l'Europe, et l'industrie privée se voit abandonnée à elle-même.
Le haras de Walferdange « n'est pas de nature à rendre au cheval de selle ardennais son antique mérite et sa vieille réputation ».
Régénération de la race de 1835 à 1850
En Belgique, le cheval ardennais n'est plus utilisé dans l'armée mais acquiert une solide réputation de cheval agricole à l'approche des années 1850 : un propriétaire de Moravie introduit ainsi des chevaux ardennais dans ses domaines et les journaux autrichiens en louent la qualité et la résistance au travail. Dans la province de Luxembourg, la députation du conseil provincial, la commission d'agriculture, et les sociétés d'encouragement et d'amélioration « rivalisent de zèle et de dévouement » pour relancer la race. Cette harmonie d'efforts stimule les éleveurs. La province aspire au monopole de la remonte des cavaleries légères et selon le ministère belge de l'époque, « plus que toute autre région de la Belgique, elle réunit les conditions de succès ». Les chevaux luxembourgeois présentés lors de l'exposition nationale agricole belge de 1848 ont ainsi un grand succès.
Croisements de l'ardennais léger
La race ardennaise de petite taille est réputée précoce, moins puissante que le cheval de trait mais très courageuse, excellente comme cheval d'artillerie, pouvant être montée et faire un long trajet. Ces chevaux, attelés à une voilure à quatre roues, parcourent 90 kilomètres en un jour et recommencent le lendemain. Ils sont utilisés par les attelages des médecins dans la province de Liège, et même comme montures ou comme carrossiers de prestige. Malgré leurs qualités de rusticité, ils se voient souvent reprocher leur morphologie peu élégante : taille trop réduite, cou trop court et trop épais, tête trop grosse et garrot trop peu sorti[36], ce qui pousse les administrations des haras à exiger des croisements avec le Pur Sang, race alors devenue très populaire, et à établir des stations d'étalons anglais en Belgique. Les éleveurs sont très réticents à opérer ces croisements avec leurs juments, malgré les fortes primes proposées, et quelques zootechniciens s'opposent fermement à ce qu'ils voient comme l'« anéantissement des caractères distinctifs de la race ».
Le grand changement du cheval de trait ardennais
En 1861, selon le journal des cultivateurs édité à Bruxelles, les ardennais ont « considérablement regagné en taille et en conformation », grâce à deux règlements provinciaux édités en Belgique et au Luxembourg en 1847 et 1855, « qui furent judicieusement appliqués ». Ils ont « la tête plus légère et mieux attachés qu'autrefois, moins chargée en ganache, avec une auge moins empâtée, une encolure plus longue et plus flexible qui les rend plus maniables, un garrot mieux ressorti, un avant plus relevé, une croupe moins avalée et des jarrets moins coudés ». Les allures sont « plus souples que celles de son ancêtre, le cheval est plus solide, rapide et vigoureux, sa taille et son poids ont augmenté grâce à une nourriture plus abondante, et la race retrouve l'antique renommée » qui lui vaut d'être très prisée par des éleveurs français et allemands, venus les acheter à prix d'or en Belgique et au Luxembourg.
Le cheval de trait ardennais : un « laboureur-né »
Au cours du XIX, de nouvelles machines améliorent les techniques agricoles et entraînent un agrandissement important des surfaces cultivées. L'amélioration des rendements et des techniques agricoles et l'industrialisation à partir de 1850 font que les fermes deviennent des exploitations mais en l'absence de moteur à piston comme d'énergie électrique, les agriculteurs ont recours à la traction animale. Or, le bœuf est lent donc peu rentable, et les chevaux disponibles ne sont pas forcément adaptés à la charrue. À la fin du XIXe siècle, l'ardennais est croisé avec des percherons, des traits belges, des Pur Sang et des traits du Nord afin de le rendre plus léger et de l'adapter aux nouvelles exigences de l'agriculture et des travaux forestiers. Ces croisements se poursuivent jusqu'à la Première Guerre mondiale et entraînent une augmentation de la taille de la race qui devient plus osseuse, plus étoffée, plus puissante, et donc plus susceptible de travailler les terres lourdes des grandes exploitations de l'Est de la France. C'est au début des années 1930 que ces chevaux atteignent l'apogée de leur développement physique. L'ardennais est alors souvent décrit comme un « laboureur-né » avec l'encolure dans l'alignement de son dos, voire plus basse, et un museau rasant le sol. Il est entièrement bâti pour la traction et cette conformation lui permet de déplacer des poids énormes sur de courtes distances.
Influence et exportations
Durant l'apogée du cheval de trait, l'Ardennais est considéré comme un améliorateur de races. Grâce à lui sont formés les comtois, l'auxois et les traits du Nord.
De 1914 aux années 1950
Lors de la Première Guerre mondiale, l'Ardennais tiens un rôle important : tirer les chariots d'artillerie.
L'Ardennais reste un cheval d'artillerie et de transport de matériaux jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Comme cheval de selle, les demi-sang sont préférés.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le cheval Ardennais n'as plus sa place, il est remplacé par les engins motorisés.
En 1946, même si les agriculteurs Ardennais manquent de chevaux pour les travaux agricoles, ceux-ci ne font pas face au développement de la motorisation.C'est progressivement la fin de la traction hippomobile.
Fin de l'utilisation au travail, années 1950 à 1970
La commercialisation à grande échelle des tracteurs et des moissonneuse-batteuse en 1945 signe progressivement le déclin de la race Ardennaise.
C'est au début des années 1960 que la race s'effondre vraiment.
Relance bouchère des années 1970 à 1980
Comme au début des années 1970, le nombre de chevaux de trait ont considérablement baissé, les haras nationaux les revalorisent en les mettant au statut d'animaux de boucherie.
Grâce à l'hippophagie les Ardennais sont sauvegardés et le capital génétique conservé.
Le poids des Ardennais augmente car les éleveurs cherchent les croisements entre les modèles les plus lourds. Leur poids passe de 600 à 800 kg en moyenne à une moyenne de 700 à 1 000 kg, voire davantage.
Cependant le marché de la viande chevaline n'arrive pas à faire face aux importations de chevaux étrangers. C'est un nouveau déclin de la race jusqu'en 1994.
Renouveau de l'équitation de loisir et de travail
Quelques initiatives ont été tentées pour redonner à l'Ardennais une place de cheval de travail mais celui-ci n'ont pas l'impact escompté.
La consommation de viande de cheval déclin au début des années 1990 alors que l'équitation de loisir connait un nouvel essor.
Les éleveurs affinent de nouveaux les Ardennais.
En 1996 la (pratique de la coupe de la queue est interdite.
L'Ardennais est alors produit dans une optique plus sportive s'orientant vers le loisir et le travail.
( source : ifce, uecra )